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Trajectoires en Poésie
6 octobre 2013

du songe en orage

 

 

00) Feu

Le temps se fit au gris, quelques verrières affaiblies me claquèrent en vertes remarques, le vent se disait au fort, la pluie menaçait ma chambre désertée...

 

Entre temps, il me faut caresser le chat, le rassurer d’un orage de tourments, il me faut encore bercer quelque conseil et, revenons en réalité, sans tarder, refermer ces portes battantes. 

La maison frémit de l’orage annoncé, la pluie ruine l’envie de repartir en mer, ma promenade est asservie, le repas, breakfast! lui attendra...

Je sais que la nuit fut courte, je sais que ce rêve m’a désolé le coeur, mais tout de même, frissonner de la sorte, en ai-je la raison ou déjà en déjà en suis-je en folie? 

Je rentre d’entre ma nuit, je marche en pas tremblants, hagard dans cette pièce maintenant en pénombre tenace et déterminée, je suis d’obscurité comme vague descendante en marée de l’âme, je suis cette nuit en mal espoir divaguant en abîme des mots...et la vive lueur des marins en port attachés se détache en mon coeur apeuré.

Le temps se fait au noir, le vent s’est dit au soir, les feuilles volent jusqu’en mer retirée, la vague tonne déjà en bourg, j’entends peut être même l’éclair vriller de peur sur l’église du père Fallot. Le temps si noir est ennuagé de grande peur, encore ce souffle étonnant qui du gris au noir emporte une autre porte elle aussi claquée.

 

Brusquement, mais alors si vite que l’angoisse d’insomnies ne m’est plus rien qu’amnésie vilaine, oui sans coup férir ni frémir d’autre attente, la boule de feu se jette du poêle au pied du lit, au bas de ce lit qui aima cette nuit me faire aussi peur; mais ainsi, en ce temps au gris qui de noir me voit encore en pleurs, le feu de boule rit et rit encore en sa course si vive et soudaine, empoisonnant la pièce de mille étincelles, fusant de ci, revenant en la et perçue d’abord de cette cheminée elle gagne vite les murs, le haut des rideaux, oui le plafond est suie déjà et de feu la chambre étouffe...

Mais mes mots sont retard en cela, car la boule en feu qui crisse, hurle, soudaine sirène des mers d’orages est en tour de lit, en tour de chambre, en tour de mes jours, en tour de devenir le pire des cauchemars jamais rencontrés...

Parler d’un éclair est gageure, parler du feu quand il avale le temps si vite que la lumière s’en éclate, parler de ce feu reste folle idée, alors je jette ces mots cependant encore un instant, juste celui d’apercevoir cette fenêtre restée ouverte, celle là qui me paraissant se claquant, celle là de courant d’air qui détachait les pages du livre qu’assoupi j’avais lâché à terre, parler de cet éclair est dépassé, parler alors de ces cieux si noirs que l’orage est venu avant que de le dire est juste consolation d’après le temps du rêve....

 

Et ensuite, car la vie s'égrène aussi en pressant le pas , mais en ces pas de gris et noir, en pas de ces géants de l’instant qui ne dure pas, et ensuite donc, passé le fracas du feu, l’éclat de la foudre, je me levai, me dirigeai comme funambule en nuit d’orage, vers cette cheminée maintenant noire de feu, et en regards ahuris, comme en rires, mais nerveux, je refermais la fenêtre où disparu alors la boule en feu, le feu de mon songe; et, mais cela reste un mystère, je ne sus jamais qui de l’orage ou du rêve eu raison de mon lit cette nuit là...

Le téléphone sonna, la lumière en plafond se raviva juste avant d’éclater, je sais que j’ai eu plus encore peur que la douleur, guettant le coeur de ma nuit, ne me quittait toujours pas, et je restais alors en vagues de dunes, insoumis en nuit redevenue blanche passé la boule en feu d’orage, et sans bien en comprendre la raison, je regagnai le lit et mes songes.

 

06/10/13 Thierry Crépin Leblond Tous droits réservés

 

 

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