Requiem d'automne

Requiem d’automne

D’un autre requiem, la licorne valse sous le vent d’automne. Et rêveur, mon esprit divague et songeuse, mon âme te parle…

Eblouissement de l’infini, là, sous mes pas inquiets, le bris des feuilles en écho de la terre gelée s’étouffe lentement dans mon coeur.

Le jour se fait frileux aussi, comme si soleil d’été se mourrait dans la mer, comme si du zénith ne s’effleuraient plus que quelques pâles rayons de bonheur.

L’automne se fait langueur, elle me souffle l’envie d’une course dans la brume, d’un pré qui fume encore au matin et d’un soir embrasé sur la chanterelle rougeoyante… 

Elle est douce et si féline quand ses doigts me guettent dans l’écorce d’un chêne, quand ses bras m’entourent et me serrent sur la rosée rieuse, quand enfin de ses lèvres cette automne me caresse et embrase mes souvenirs d’enfance.

Elle siffle l’ultime récréation des cours désertées, elle gronde orageuse quand en cette fin du jour elle s’inquiète d’offrir tant de chaleur si déjà le gris s’épuise de noir. Et l’éclat de ce ciel qui raconte la vie, qui sous l’ombre d’un nuage m’emmêle dans ses songes…

D’un autre requiem, la licorne se glisse sur la grève dans le vent d’automne. Tel passant qui frissonne sous la bruine, je dévisage cette lande violine et j’entends ses paroles pour en éblouir le coeur de ma Muse, et offrir au vent les larmes d’un été brisé.

Thierry Crépin-Leblond Tous droits réservés Texte déposé