L'aube de la nuit
Le jour glissant se sait perdu,
L‘ombre est lente à s’éclore
Et le temps se refuse à l’effort;
La lune se fait rouge tant émue,
Et tel souffle de fleurs jaunies,
La nuit transie d’angoisse gémit;
Une larme roule en perle d’or,
Et, si folle encore, tu murmures
Les cieux effacés de leur azur;
C’est l’ultime frisson des corps,
C’est aussi le souffle plus lent
D’un jour dépouillé de son élan;
Alors dans cette chambre vide,
Alors loin de ce doux berceau,
Mes lèvres s’épuisent de mots;
Et si l’obscurité se fait avide,
Je tremble affolé dans le noir
De ce bien trop long cauchemar,
Et si je ne retiens plus mes pleurs,
Je ne sais plus dire dans la nuit
Mes larmes orphelines d’envies,
Et témoin du fil de ces heures,
Loin de cette journée exquise,
Le miroir des coeurs se brise.