le merle
Quelques plumes, si noires, si longues,
Légères sous le vent,
Des plumes jaillissant de concert,
Lézardes timorées de mes songes,
Le merle est chanteur de blues
Quand le blanc des larmes de nuit
Vole en brumes de matin
Sous le frisson de ton lit,
Me voilà dans cette aurore,
Juste étourdi sous mes murs,
L’instant si léger me plait
Et, hasard, un sifflement m’agace,
Toujours moqueur de la vie,
Le merle est grimaces de bec,
Et je sais un sommeil glisser
Dans tes draps moirés de la nuit,
Car c’est au matin que tu chantes,
Si drôle et gai, sans vergogne,
Car c’est câlin que je veille
Au doux suintement d’un soleil ébahi,
Le merle est notre symphonie,
Encore entonnant d’une brindille
La ritournelle des grands espoirs
Sous mes persiennes évanouies,
Et la musique se prend à rire,
Une lueur s’étonne d’amour,
Et ta peau de satin frémissante
Se fait si timide sous mon cœur,
Et je berce aux chants de l’oiseau
Tes mains encore émues,
Et tu siffles aussi comme merle
Le doux chant du matin revenu.
Thierry Crépin-Leblond Tous droits réservés Texte déposé