Soir au Port
Extrait de mon dernier recueil, « Détours de jours » , ce poème s’inspire d’une scène de soir aux Iles Lofoten, en Norvège
Ce furent un soir d'été,
Comme en toute pâleur,
Ces sauvageonnes herbes
Endiablées sur mon coeur,
Ce furent les sueurs du jour,
Senteurs apprivoisées
De ces marmites rebondies
Qui s’en revenaient au port...
Et puis le soleil épris de nous
Glissant assidu de ses envies,
Et toutes ces barques en albâtre
Comme de chaux appareillées,
Peut être aussi quelques ailes
Glacées en trop d’air arctique,
Peut être aussi ces maisons
De rouge habillées encore,
Et si je mens de dire ainsi
Ces goélands blancs apeurés,
C’est pour te confier, passant,
Les pas lourds du marin qui,
Repu de cette mer désarçonnée,
Se retire en cris, se jaunit en ciré,
Puis, de ses jambes si hautes,
Glisse en ces drôles d’idées iodées...
Je redis encore ces frétillements
Aux détours des mailles bleutées,
Écailles brillantes en soleil éclaté,
Et toujours ces oiseaux en apesanteur,
Et je te laisse, marin comme passant,
Je te laisse en vie lointaine
Prédire ces tristesses passées,
Et maudire ces instants noircis...
Il est tard déjà en port de nuit,
Mais les lumières se fondent
En octaves élancées et fragiles
Comme pour mieux nous quitter,
Et la mer ne clapote que de gris,
Offrant en marine espérance
L’écume des coeurs de marins
Perdus mais heureux de se revoir...
Et je me retire en pas de loup
Pour d’encre mouiller mes songes
Vers cette contrée toute obscure
Comme crépuscule inestimable...
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