La ronce bleue de l'aube
Lente poussière d’une ronce bleue,
J’aime en raconter le fil des heures,
Cette façon dont s’ébattent nos coeurs
Au matin crépitant d’un corps frileux.
Et d’un geste tu cueilles les feuilles
D'une ronce pâlie de l’aurore,
Toi, Fille des songes effilés d’or,
Muse d’une lune en croissant de deuil.
Dures et longues sont ces épines,
Elles sont larmes suintantes du buisson,
Aussi se tordent-elles sans façon,
Puis en ombres grisées se dessinent.
La ronce est vilaine sur ta blancheur,
Egratignant les vagues de tes mains
Qui se balancent encore et sans fin,
Délicieux déhanchement de fraicheur.
Alors l’ire d’une branche décharnée
S’oublie lentement jusque disparaître
Au loin des racines de son être
Frémissant sous la ronce mal aimée…
Si je parle en cette aube d’une fleur,
C’est aussi te dire la lueur des mots
Qui transforment un peu plus fort ta peau
Au refrain d’une ronce de bonheur,
Car l’instant est fol aux âmes blessées
Par cette ronce riant de leur sang,
Et brise d’écume au matin perçant,
Je te sais encore d’amour te bercer.