Mots d'après midi en sieste d'été

11 août 2013

Sur les rives esseulées de ce que je ressens en belle tranquillité, me revoilà plongé dans la douceur d’une belle idylle bleutée; les sens affaiblis, les mains alanguies, les yeux égarés m’enlèvent aux cris sourds battant en ville, et comme magiques, les lueurs s’assourdissent derrière les persiennes maintenant refermées.

C’est l’heure du sablier défait, l’heure des sons mélodieux, c’est l’heure quand allongée vous êtes, Madame, toute parsemée de bruissements étouffés.

C’est en cette douceur que je vous rejoins en sieste, fabuleuse éternité, caressant les folles humeurs de mes mots, embrassant de mon souffle les herbes d’été brunies; et je vous offre ainsi en glissements épars toute l’émotion baignant mon âme, et je vous fais cadeau en ces heures d’une parure inespérée toute étincelante de bonheur.

La ville endormie se tait et le silence se découvre, délaissant d’un geste lent les derniers souvenirs du déjeuner, et je convole vers vous en nouvelles noces, en illusions songeuses d’une après de midi reposante.

Certes quelques violons parsèment de leurs cordes les murs en écho, certes je devine au loin des enfants s'ébattant, sinon, bien âgés déjà mais encore débutant en vie, qui vont et viennent, s’effarouchant en jeux de billes, mais plus rien ne frémit, plus rien ne gémit, et quand votre coeur, Madame, parait me confier quelques soucis de trop, je le saisis et d’un geste sûr, souffle en ses ailes pour le voir déjà disparaitre.

Je chemine ainsi, si paisible, en ces rives chaque jour retrouvées, longeant un étrange fleuve et sa lente procession, tout de son eau claire et certainement poissonneuse, je le suis en ce temps, préservé de toute autre raison sinon que de le savoir me conduire en presque sommeil, en suintements d’esprit qui va et vient et se prend presque à rêver....

Voyez vous, Madame, non je devrais plutôt vous dire, entendez vous, en ces instants majestueux, le vent se dépendre des arbres, agitant, comme les frôlant, les feuilles aux multiples contours, s’amusant des airs pour en apporter la fraicheur de l’ombre lointaine nous venant de cette profonde forêt.

Madame, sentez vous aussi en votre peau les effluves de mes pensées s’écaillant comme de glaise façonnée, prenant formes alors mais sans images ni même contours bien précis, car chaque émotion se veut ficelle qui ne garde en souvenir que la main qui la noua un soir, qui la tissa si doucement que de ficelle elle devint fil, mais d’or et si fragile que seul un bel air d’opéra sut alors lui confier les murmures câlins de son coeur.

Lisez vous, Madame, en ces mots que presque fébrile je vous écris, les errements de mes pensées qui maintenant, je le sais, se sont confiées en folles ballades tout le long de ces rives d’entre deux consciences, d’entres deux glissements, tout d’éveil et déjà de sommeil, tout de jour et déjà de nuit.

Alors en lignes dernières, en crissements de lit fatigué, je m’endors en vos bras rassurants, je m’enfuis des ultimes grincements de vie, et libéré pour un long instant, tout de doux soupirs et comme faiseur de rêves, je vous convie en cette belle après midi en sieste délicieuse, je vous invite en mon coeur pour y découvrir quelque nouveau rayon ensoleillé qui, unissant nos mains, bâtira le château des enfances retrouvées, des jeux mais d’adulte à peine murmurés, et Madame, je vous frôlerai de mes yeux, et, Madame, je vous volerai mais sans heurt ni blessure un peu de votre humeur pour en féconder mon coeur amoureux.

Ainsi, Madame, tout en rives de longue rivière argentée, nous dormirons en paix quelqu’instant de sieste sauvageonne et savoureuse, et le temps du sablier ne sera que comptines d’antan, et le sable du temps nous oubliera pour une belle et longue sieste.

11/08/13